La période de Juin- Juillet constitue au tennis une étape bien particulière de la saison : la transition terre battue-gazon.
De nature rapide et, même si il a été ralentit ces dernières années, le gazon est une surface obligeant les joueurs à adapter leurs styles de jeu.
Ici, pas question d’attendre loin derrière sa ligne de fond de cours et de construire patiemment son point, le tennis sur gazon se joue au contraire en quelques coups de raquette seulement.
Durant ces deux mois les joueurs doivent donc dans un temps limité trouver leurs repères afin d’arriver armée pour l’évènement principal de la tournée sur gazon : Wimbledon.
Si ce stade de l’année peut paraître particulièrement perturbant pour la plupart des joueurs du top 100, certains au contraire tirent plein profit de ces deux mois.
Rapide et peu exigeant physiquement, le tennis sur herbe permet aux « géants » du circuit ATP de s’accomplir pleinement. Armé de leurs services et de leurs puissances de fond de court, les John Isner (6’10), Reilly Opelka (6’11) ou encore Kevin Anderson (6’8) reprennent des couleurs après une saison sur terre battue bien souvent difficile.
Il n’est donc pas surprenant d’observer ce type de joueurs ultra offensif performer durant les tournois de préparations, poussant bien souvent leurs adversaires au tiebreak de par leurs services imprenables.
À de nombreuses reprises ces dernières années, deux joueurs de grande taille aux styles de jeux similaires se sont affronté sur gazon, donnant bien souvent lieu à des matchs interminables.
Il est vrai que ces rencontres au sein des quels les jeux de services s’enchainent à vitesse éclaire n’intéressent pas particulièrement le grand public souhaitant observer un minimum d’échange et d’aspect tactique.
Ces confrontations ne sont cependant pas dénuées d’intérêt et offrent au contraire régulièrement des scénarios complètement dingues.
En 2016, lors des huitièmes de finale du prestigieux tournoi du Queen’s, l’américain John Isner rencontre le luxembourgeois Gilles Müller.
Reconnus pour la puissance de leurs services et leurs jeux particulièrement adaptés pour le gazon, les spectateurs londoniens prévoient déjà un match fastidieux au cours duquel aucun des deux protagonistes ne cédera son engagement.
Le score final et la victoire de Gilles Müller sur le score de 3-6 7-6 7-6 paraissent donc parfaitement coller avec les attentes du public anglais concernant cette rencontre.
Si le résultat n’est pas particulièrement surprenant, la feuille de match elle, mérite que l’on s’y attarde.
Ce jeudi 16 Juin 2016, Gilles Müller n’a pas seulement remporté un immense combat, il vient également de prouver à la planète tennis qu’il était possible de remporter un match en ayant subi un total de 43 aces.
Au cours d’un match qui aura vu un total de 69 aces (record toujours inégalé sur une rencontre au meilleur des 3 sets), le Luxembourgeois aura sauvé une dizaine de balles de match au terme d’un Tie break complètement fou remporté par Muller sur le score de 18-16.
Le tennis n’est pas toujours un sport juste et qu’il a dû être difficile pour John Isner de digérer une défaite après avoir remporté plus de points que son adversaire et conservé son engagement tout au long de la rencontre.
Il n’existe malheureusement pas d’archives vidéo permettant de revoir les moments clefs de ce match mais son scénario mérite amplement un article.
Très certainement diminué après une telle bagarre, Gilles Müller s’inclinera au tour suivant contre l’Australien Bernard Tomic s’arrêtant ainsi en quart de final du tournoi londonien.